En 2025, la France continue de s’appuyer fortement sur l’énergie nucléaire pour répondre à ses besoins en électricité. Avec 56 réacteurs répartis dans 18 centrales, le pays demeure l’un des plus nucléarisés au monde. Mais derrière ces chiffres se cachent des enjeux complexes mêlant transition énergétique, sécurité, modernisation et choix politiques.
Le parc nucléaire français : une infrastructure dense et stratégique
Le réseau nucléaire français est réparti sur tout le territoire. Ces centrales, équipées principalement de réacteurs à eau pressurisée (REP), forment la colonne vertébrale de la production d’électricité nationale.
Carte des principales centrales et capacités installées
| Centrale | Département | Nombre de réacteurs | Mise en service | Particularité |
|---|---|---|---|---|
| Gravelines | Nord | 6 | 1980-1985 | Plus grande centrale de France |
| Civaux | Vienne | 2 | 2002 | L’une des plus modernes |
| Chooz | Ardennes | 2 | 2000 | Centrale récente avec réacteurs performants |
| Flamanville | Manche | 2 + 1 EPR | 1986-1987, EPR en 2024 | Réacteur EPR en construction |
| Blayais | Gironde | 4 | 1981-1983 | Située près de Bordeaux |
| Bugey | Ain | 4 | 1978-1979 | Ancien réacteur arrêté (5 initialement) |
| Cattenom | Moselle | 4 | 1986-1991 | L’une des plus puissantes |
| Chinon | Indre-et-Loire | 4 | 1984-1988 | Centrale historique du Val de Loire |
| Cruas-Meysse | Ardèche | 4 | 1984-1985 | Importante capacité installée |
| Dampierre | Loiret | 4 | 1980-1981 | Région Centre-Val de Loire |
| Fessenheim | Haut-Rhin | 0 | Fermée en 2020 | Première centrale française, arrêtée |
| Golfech | Tarn-et-Garonne | 2 | 1991-1994 | Production pour le sud-ouest |
| Nogent | Aube | 2 | 1987-1988 | Proche de Paris |
| Paluel | Seine-Maritime | 4 | 1984-1986 | Grande puissance électrique |
| Penly | Seine-Maritime | 2 | 1990-1992 | Futur site des EPR2 |
| Saint-Alban | Isère | 2 | 1986-1987 | Centrale alpine |
| Saint-Laurent | Loir-et-Cher | 2 | 1981-1983 | Au bord de la Loire |
| Tricastin | Drôme | 4 | 1980-1981 | Premier site nucléaire avec site industriel |
🔍 En 2025, l’EPR de Flamanville est sur le point de démarrer, représentant une nouvelle ère technologique pour le parc nucléaire français.
Une production qui reste majoritairement nucléaire
L’énergie nucléaire fournit environ 63 % de l’électricité en France en 2025, un chiffre en légère baisse par rapport aux décennies précédentes, où ce taux dépassait 70 %. Cette évolution reflète l’essor progressif des énergies renouvelables, mais aussi les opérations de maintenance et d’arrêt de certains réacteurs vieillissants.
Répartition de la production d’électricité en France (2025)
| Source d’énergie | Part approximative |
|---|---|
| Nucléaire | 63 % |
| Hydraulique | 11 % |
| Éolien | 10 % |
| Solaire | 6 % |
| Thermique fossile | 10 % |
Les défis : entre vieillissement et renouveau technologique
Prolonger la vie des centrales existantes
La majorité des réacteurs français ont été construits entre 1977 et 1991. Prolonger leur durée de vie au-delà des 40 ans initialement prévus impose des contrôles rigoureux, des mises aux normes, et des investissements lourds de plusieurs milliards d’euros.
Vers une nouvelle génération de réacteurs
Le projet EPR (réacteur pressurisé européen) est emblématique de cette modernisation. Plus puissant et plus sûr, il incarne le pari technologique du nucléaire nouvelle génération. Toutefois, sa construction, entamée en 2007, a accumulé retards et surcoûts importants.
💡 À noter : d’autres projets de petits réacteurs modulaires (SMR) sont en discussion pour la fin de la décennie.
Perspectives : faut-il relancer le nucléaire ?
Face aux incertitudes du gaz et aux limites du solaire ou de l’éolien, le gouvernement français a annoncé en 2023 la relance de six nouveaux réacteurs EPR2 d’ici 2035, avec un plan de formation massive dans la filière nucléaire.
Exemple concret : la centrale de Penly
La centrale de Penly, en Seine-Maritime, a été choisie pour accueillir les deux premiers réacteurs EPR2, symbolisant le virage assumé vers une relance du nucléaire en France.
Nucléaire et environnement : un équilibre délicat
Si le nucléaire émet très peu de CO₂ en fonctionnement, il soulève des questions liées :
- à la gestion des déchets radioactifs (dont certains resteront dangereux pendant des millénaires),
- aux risques d’accidents majeurs (ex. : Tchernobyl, Fukushima),
- à l’acceptabilité sociale des nouvelles installations.
En 2025, la France dispose d’un parc nucléaire dense et stratégique, toujours au cœur de son modèle énergétique. Mais entre vieillissement des installations, ambition de transition énergétique et investissements massifs à venir, l’avenir du nucléaire français s’écrira sous le signe de la transformation.
1 réflexion au sujet de « Quelle est la place du nucléaire dans le paysage énergétique français en 2025 ? »