Si la mécanisation de l’agriculture a été une avancée majeure pour l’humanité, elle n’a pas eu que des avantages. Associée à des sécheresses parfois persistantes, cette innovation s’est avérée à la base de l’accélération de l’érosion des sols. Pour pallier ce phénomène et les dégâts qui en découlent dans plusieurs pays, il a été introduit l’obligation d’entretenir une culture de transition entre une récolte et une prochaine culture : c’est le couvert végétal. Aujourd’hui, cette technique constitue la clé de voûte des systèmes d’agriculture de conservation et revêt d’un grand nombre d’avantages.
Un couvert végétal, en quoi consiste cette technique ?
Les couverts végétaux désignent la végétation, toutes strates confondues, qui recouvre le sol dans un espace donné sur une période illimitée ou de manière temporaire. Il peut s’agir d’un ensemble de plantes semées ou spontanées destiné à occuper le sol entre deux cultures ou pendant la principale dans la même parcelle ou à proximité.
Même si elles peuvent servir de fourrage une fois récoltée, la plupart des agriculteurs préfèrent les broyer et les réintroduire dans le sol pour servir d’engrais au moment de la culture suivante.

Si cette pratique n’a pas toujours été adoptée, c’est parce que son arrivée dans les exploitations est assez récente. Contrairement à la pensée commune, la technique n’est pas le fruit de la volonté des agriculteurs d’entretenir leur sol.
À l’origine, il s’agissait d’une obligation imposée par la directive européenne qui préconisait de ne pas laisser les sols nus pendant l’hiver dans les zones vulnérables. Ayant compris les bienfaits des couverts végétaux, les exploitants agricoles ont fait de cette contrainte réglementaire, un atout.
En effet, dans un agrosystème, cette technique revêt de nombreux avantages. D’abord, elle remplit plusieurs fonctions agronomiques et à une place à part entière dans l’assolement.
Les avantages sont aussi d’ordre environnemental et économique. C’est, du reste, la raison principale qui justifie l’appellation « plantes de services » associée aux couverts végétaux.
Dans le jargon des agriculteurs, la pratique a même plusieurs noms. Elle est notamment connue sous les termes couverture végétal, couvert par ellipse, engrais vert, culture intermédiaire ou encore Cipan. L’appellation change suivant la durée d’implantation ou du service apportée par la technique.

Côté agronomique, le couvert végétal améliore la structure du sol, en augmentant sa capacité à retenir l’eau, essentielle pour la croissance des plantes. Il contribue également à la préservation de la biodiversité, en offrant un habitat à diverses espèces d’insectes et de micro-organismes bénéfiques. Les plantes de couverture piègent également le carbone atmosphérique, aidant ainsi à lutter contre le changement climatique.
Sur le plan économique, le couvert végétal permet de réduire l’usage d’intrants coûteux, tels que les engrais et les pesticides. En effet, certaines espèces de plantes de couverture ont la capacité de fixer l’azote de l’air, enrichissant le sol naturellement. D’autres ont un effet répulsif ou attractif sur certains parasites, limitant ainsi la nécessité de recourir à des traitements chimiques.
En termes d’environnement, l’absence de sol nu réduit le risque d’érosion et de ruissellement, contribuant ainsi à la qualité de l’eau. Par ailleurs, le fait de broyer et réintroduire les couverts végétaux dans le sol favorise le cycle naturel de la matière organique, contribuant à une agriculture plus durable et respectueuse de l’environnement.
Au final, le couvert végétal est bien plus qu’une simple obligation réglementaire : il s’inscrit pleinement dans une démarche d’agroécologie visant à concilier performance agronomique, respect de l’environnement et économies pour l’exploitant.
Quels sont les différents types de couverts végétaux ?
Il existe plusieurs types de couvertures végétales, cependant seulement trois catégories sont souvent adoptées. Il s’agit des couverts d’été, ceux d’hiver et des couverts permanents qui ne sont pas changeants, quelle que soit la période.
Les couverts d’été ou interculture courte
Destinés à occuper le sol pendant deux cultures céréalières, les couverts courts encore appelés couverts estivaux sont implantés juste après l’intervention de récolte d’hiver pour profiter de l’humidité résiduelle du sol durant l’été.
Effectuée au bon moment, cette pratique assure le maintien d’une bonne structure du sol et limite le salissement des parcelles. Elle apporte également de l’azote à la culture suivante et augmente de façon significative l’activité biologique des sols.
S’il n’a pas d’exigence particulière quant au choix des espèces à inclure à la culture des couverts courts, il est néanmoins préconisé de prendre en compte l’itinéraire technique prévu, les contraintes de la parcelle qui reçoit les cultures et le matériel disponible. Accessoirement, la disponibilité et le prix des semences ainsi que les objectifs de cultures peuvent également influer sur la décision.
Même si le choix des espèces à semer pour la couverture est crucial pour la réussite de la technique, le résultat ne dépend pas uniquement de ce facteur. Par exemple, certains couverts à forte biomasse servant à augmenter la matière organique des sols et tous les autres effets qui en découlent peuvent parfois s’avérer insuffisants pour améliorer la qualité des cultures qui les succèdent.
La réussite des couverts est très aléatoire, elle dépend principalement des conditions climatiques estivales. À titre indicatif, un été avec un sec persistant ne peut absolument pas profiter à la culture, quelle que soit l’espèce choisie. Dès lors, les investissements doivent se raisonner suivant des conditions pédoclimatiques locales.