Récemment, la gestion forestière a subi une sorte de politisation qui tend à opposer les idéologies économiques et écologiques. Vers la fin de l’année 2021, le gouvernement a dirigé les « Assises de la forêt et du bois ». Cette rencontre était portée principalement sur la gestion forestière durable. Ainsi, les enjeux forestiers issus du débat s’articulent autour de trois aspects : la multifonctionnalité, la souveraineté et la démocratisation.
La multifonctionnalité
Au cœur de la politique forestière, la multifonctionnalité est, avant tout, un principe d’ordre constitutionnel. Elle souligne l’importance de la forêt dans la fourniture de certains biens et services de nature individuelle et collective. Les débats portant sur la foresterie intensive et les coupes rases expriment les difficultés liées à la mise en œuvre de ce principe et l’identification d’un compromis technique.
Ainsi, la multifonctionnalité induit une hiérarchisation nette des fonctions forestières ou une répartition spatiale de ces fonctions. Actuellement, la priorité est accordée à la première option aux dépens de la ségrégation spatiale. L’ignorance de cette situation entrainera une augmentation des diverses tensions. De ce fait, la répartition spatiale des fonctions doit être intégrée aux outils d’aménagement du territoire.
La souveraineté
La souveraineté désigne la forêt comme une donnée stratégique pour le gouvernement. Avant d’être négligée par les autorités publiques, cette idéologie fut prônée au sein de l’État entre le XVIIe et le XVIIIe siècle. Ce n’est qu’au fil des 15 dernières années que cette souveraineté fut réaffirmée. Une stratégie de soutien et d’incitation fut donc mise en place pour stimuler la mobilisation du bois.
Loin d’être sujet à des remises en cause, cette stratégie peu concluante est, sans cesse, renforcée sans un réel questionnement des données structurelles de son échec. D’autres options telles que « la Stratégie européenne pour la bioéconomie de 2018 » restent, cependant, envisageables.
La démocratisation
La légitimité de la politique forestière est cruellement basse. Elle est presque absente du débat public. Cette absence entretient l’ignorance des citoyens sur le sujet et accroît excessivement les inquiétudes découlant de la crise de l’environnement. Sur plusieurs années, la politique sectorielle liée aux besoins forestiers a été élaborée en comité restreint.
Ce n’est que sur les dernières années que la base consultative a été élargie. Cela demeure insuffisant, au regard de la perspective interprofessionnelle. Le degré d’ouverture du débat forestier étant limité, une meilleure ouverture des sphères de décision est nécessaire.
Face à ces aspects, l’État se doit de rendosser son rôle politique. Une meilleure gestion des cheminements transitoires du secteur écologique dans les territoires est indispensable.