Les problèmes de l’environnement et la domination bourgeoise

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A cause des effets de la production capitaliste sur l’environnement, la destruction des fondements naturels de la société humaine a atteint une dimension nouvelle qui est en soi un problème pour la domination de la bourgeoisie et son idéologie.

Le rapport Brundtland

Le rapport Brundtland (« Our Common Future »), adopté par l’assemblée générale de l’ONU en 1988, en est une expression. Il est déjà entièrement marqué par la conviction bourgeoise que le capitalisme, tout en portant malheureusement atteinte à l’environnement, sera en même temps en condition de prendre les mesures de réparation nécessaires. Il prétendait ainsi rassembler les éléments d’une nouvelle croissance plus équilibrée (« développement soutenable »).

- la crise écologique est mondiale et, dans un contexte de concurrence inhérent au capitalisme, elle ne peut qu’être conçue comme un mal commun.

La déclaration de Rio

La Déclaration de Rio : Issue du sommet de la Terre (1992), elle a certes énoncé quelques principes, comme le principe de précaution, qui représentent une avancée dans la prise de conscience des données de la crise écologique. Ni l’Agenda 21, un vaste fourre-tout de 2500 mesures, ni les conventions internationales sur la biodiversité ou les changements climatiques, n’ont débouché sur les solutions radicales nécessaires.

Certaines causes de la crise écologique remontent dans le temps, d’autres sont le produit du développement combiné de différents facteurs séparés ; il est donc difficile d’en établir et d’en dater les causes temporelles et physiologiques. De même, la maîtrise de la crise écologique nécessite du temps et des investissements qui condamnent au désarroi toutes les conceptions bourgeoises des cycles input/output ;

Le protocole de Kyoto

Le protocole de Kyoto (1997) sur l’effet de serre n’induit aucune obligation pour les pays riches sur les moyens d’accéder aux objectifs, fort modestes, de réduction des émissions de gaz à effet de serre. 125 milliards de dollars sur 10 ans avaient été annoncés à Rio pour ces politiques de défense de l’environnement à l’échelle internationale. En 1996, seuls 315 millions de dollars avaient été investis.

Autres considérations

Enfin, contrairement à ce qui est le cas quant à la crise économique classique, aux conséquences sociales néfastes du capitalisme et même aux suites d’affrontements militaires, on ne peut faire payer que partiellement l’addition de la crise écologique aux classes dominées et exploitées. Cependant, il est incontestable que, surtout dans les pays dépendants, les classes opprimées en portent le fardeau essentiel. et ceci d’autant plus qu’il y a interaction entre crise sociale et économique et crise écologique.

La prise de conscience croissante de la crise écologique et le mouvement écologique qui s’est formé dès le début des années 1960, ont représenté une attaque vigoureuse contre l’un des concepts les plus importants de l’idéologie bourgeoise : l’idée selon laquelle l’ordre social et économique bourgeois serait à même de garantir de façon continue un « progrès pour tous », ou bien que la soumission continue de la nature est en soi positive et que tous les problèmes en rapport avec elle pourraient être résolus. Face au défi idéologique, des tentatives d’actualisation de l’idéologie bourgeoise ont vu le jour. Au plus tard au milieu des années 1980, une deuxième offensive bourgeoise sur le terrain de la défense de l’environnement s’était avérée nécessaire : il fallait apporter des solutions, surtout au niveau de la politique concrète, à de telles contradictions.

Les années 1990 ont accentué la contradiction entre les promesses de nouvelles régulations internationales du capitalisme mondialisé et la brutalité de leurs conséquences sociales et environnementales. Tandis que la création de l’OMC soumet plus encore l’environnement aux effets de la libéralisation du commerce international, ces conventions sont restées largement en échec. Les proclamations en défense de la biodiversité sont impuissantes face à la dégradation continue des milieux naturels. Sur le plan politique, elles se heurtent aux intérêts des multinationales de l’agrochimie et de la pharmacie qui cherchent à s’approprier le vivant par l’expansion des OGM et le brevetage des génomes. Entre les idées réformistes prônées dans le rapport Bruntland, puis à Rio, et le modèle ultra-libéral de l’impérialisme dominant, ce dernier l’a pour le moment emporté.

Aujourd’hui, une approche pratique des problèmes de l’environnement fait partie du programme de tout gouvernement bourgeois. En général, on s’efforce de fixer des limites à la pollution de l’air, de la terre et de l’eau. S’y ajoutent des plans progressifs de réduction des effets dangereux des résidus des processus de production. Ces plans font péniblement l’objet d’accords internationaux. En fin de compte, une telle politique n’est que du rafistolage : elle reste toujours insuffisante pour contrecarrer les destructions qui se produisent réellement . Les programmes économiques et les orientations politiques concernant « l’économie écologique de marché » prennent eux aussi de l’importance. Jusqu’à présent, les tentatives de tourner intrinsèquement l’économie capitaliste vers un fonctionnement respectueux de l’environnement n’ont pas dépassé le stade de la théorie.

Cependant dans le contexte de mondialisation capitaliste, une vaste offensive est en cours pour imposer un système de « marchés de droits à polluer » à l’échelle mondiale dans le cadre de la lutte pour la réduction de la quantité de gaz à effet de serre. Mis en avant par les États-Unis, ce mécanisme a été accepté par l’Union Européenne. Il comporte de graves dangers qu’il convient de combattre. En premier lieu, il ouvre la voie à un renforcement de la dépendance des pays sous-développés par rapport à ceux du Nord : dans un dispositif où chacun dispose de son quota monnayable de pollution, le pouvoir de décider appartient à ceux qui disposent de la puissance financière pour marchander la pollution à leur guise. Les pays du Sud et de l’Est, fortement endettés, risquent fort de vendre leur quota aux pays du Nord, pourtant déjà largement les plus pollueurs. Ensuite le système vise à transformer la pollution en marchandise, donc en source de profit. Comment imaginer dans ces conditions que cela permette une réduction effective de la pollution ?

Enfin, il faut souligner que ce dispositif, pièce maîtresse de l’offensive libérale dans le domaine environnemental, a pour objectif de désamorcer la charge subversive de la critique écologique dont la logique tend à remettre en cause le fonctionnement d’ensemble du système capitaliste : il s’agit d’accréditer l’idée que le marché est le meilleur instrument de lutte contre la pollution, que plus de capitalisme rendrait le capitalisme intrinsèquement « propre ». Cette idée doit être combattue au même titre que la thèse selon laquelle la protection de l’environnement pourrait devenir le moteur d’une « nouvelle modernisation de l’économie capitaliste ».

Un véritable fossé sépare les États riches des États pauvres. Si, dans les pays impérialistes riches, on a réussi ces dernières années à endiguer quelques-uns des phénomènes les plus graves de pollution et de destruction, dans les pays pauvres, même les moindres mesures nécessaires échouent face aux problèmes de financement ou face à l’intérêt de quelques entreprises qui réalisent leurs profits, en grande partie, justement en dégradant l’environnement.

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